Thursday, November 03, 2005

La ville sans sherrif



J’habite un condo chouette avec vue sur la marina. Le matin, quand il ne fait pas trop frisquet, j‘enfile un chandail, j‘ennoue une écharpe autour de mon cou et je bois mon café sur le balcon. Je relaxe. Quand il fait un peu froid, des petits nuages sortent de ma bouche, mais ça ne dure jamais trop longtemps. Avec ma tasse de café à la main et la brume dans mes lunettes, je regarde les différents voiliers dans la marina. J’en choisi un, ni trop gros ni trop petit, et je m’imagine partir au large, à la chasse au monstre du Loch Ness. Je serai la première à le capturer, mais il est pas facile à attraper il paraît...


La ville en soi n’a pas vraiment d’âme, Les rues sont généralement vides et les quartiers, majoritairement résidentiels. Mais je dois mentionner que nous avons quand même 3 stations de train, ce qui est plutôt impressionnant. (Wow...) On fait le tour rapidement du centre-ville de la ville d’Ardrossan. Mon guide voyage décrivait cette ville comme étant “a dismal town”. Dismal. C’est bien le terme qu’ils ont utilisé. Ça veut dire morne et lamentable. Et je dois avouer qu’ils n’ont pas tout à fait tort. Mais je dois d’abord mettre les choses en contexte.

Les boutiques de la rue principale, qui s’appelle ironiquement Glasgow Street, arborrent des vitrines sales et placardées pour la plupart. Il y a la station de train centrale et la bilbiothèque. En face, un immeuble magnifique dans toute sa déchéance. Abandonné, ravagé par l’air salin, il fait figure d’une véritable âme en peine. La devanture annonce encore des spectacles de musiciens défaichis et l’on peut lire, entre la peinture écaillée, les lettres Central Hotel. Un peu plus loin entre la taverne des soûlons-sans-dentiers et le magasin général condamné, il y a l’ancienne station de police. Les fenêtres sont barricadées, avec du placage vert. C’est joli, ça fait un beau rappel de couleurs avec le gazon british. Mais une station de police qui est fermé, c’est toujours un peu inquiétant (ils en ont fait quoi des policiers??). Dans cette ville sans scheriff, il n’y a que les take-out qui sont rois.

Il y a Babba’s l’indien et un chinois douteux, le Happy Kitchen. Derrière son comptoir plaqué en faux bois, le chinois aux palettes de cheval se cache derrière un petit téléviseur brun. Je déconseille fortement le poulet aigre-doux. Premièrement, ce n’est pas aigre, c’est complètement vinaigré. Et je vois pas du tout ce quil y a de doux là-dedans. Peut-être à part le sourire de monsieur Happy Horse. Il est si ...hum...souriant. Tout le temps.

Au coin de la rue, il y a le salon de thé qui n'est étrangement jamais ouvert quand je veux y aller et il aborde fièrement depuis la mi-août une vitrine de produits de Noël. Il y a aussi le salon de bronzage dont la vitrine “Australia Gold” ne réflecte en rien l’état physique de la propriétaire. Grosse, moche, elle semble d’avantage à une cliente en manque de sexe qui croit que ce soleil artificiel fera fondre ses masses de graisse difformes.

Quand on marche encore un peu, on arrive sur la rive. L’église catholique tourne le dos à l’Église protestante sur le chemin principal. Ensuite, c’est la route, c’est le trottoir, c’est la plage, c’est la mer. Ici, l’océan fou fracasse les pensées. Le noir que l’on broie parfois s’envole habituellement au vent avec force et élan. Rien ne peut résister au vent. Pas même mon cerf-volant.

Il ne nous reste ensuite qu’un rayon de mélancolie quand le soleil tente une brève percée, en fin de jounée ( il a beau pleuvoir toute la journée, il y aura toujours une pause kit-kat soleil vers 5h45). La lumière est particulière ici, teintée de jaune-orangé. Elle compense probablement pour le sombre sommeil des nuages gris. Brille donc, je suis fatiguée.

Là-haut, sur la colline, derrière le club de pétancles (dois-je mentionner ici que toutes les villes ont leur propres clubs?!), il y a des ruines d’un château. C’est joli de là-haut, on voit les chaumières de la ville, et même plus loin encore. Les mouettes montent la garde patiemment sur les toitures pour observer le prochain train et les Éoliennes sur la colline continuent de déverser les bourasques de vent quotidiennes. Alors c’est ça ma ville. C’est un peu de tout, un peu de rien. Mais tellement plus que ça aussi. Parce que franchement, je vois pas du tout ce qu’il y a de lamentable. Je marche même sur la plage pour aller faire mon épicerie! Des fois, quand il pleut, j’enfonce mes mains dans les poches et j’avance tranquillement dans la tempête. Mon lecteur mp3 me dicte la cadence et j’arrive toujours à m’émerveiller devant le nouveau paysage. Pis j'arrive encore à avoir les pieds mouillés!


0 Comments:

Post a Comment

<< Home