Thursday, November 17, 2005

le dernier 24 heures

Vendredi
Eh bien c’est déjà terminé. Je suis dans le bus en direction de Sofia. C’est un bus de nuit, on devrait arriver vers 8h et mon avion décolle à...4h15 le lendemain matin. J’ai donc environ 20h à me promener dans Sofia. Alors que je commençais à peine à m’endormir , Yosef mon voisin me réveille et me passe son cellulaire. C’est les organisateurs du festival... J’ai oublié de donner la clé à ma coloc Suzanna avant de partir et l’hôtel n’a évidemment pas le double des clés...! Alors la pauvre Suzanna est dehors, à se demander ou elle va dormir... merde! Mais c’est plus fort que moi, je peux pas m’empêcher de partir à rire!!

Arrivé à Sofia, Yosef m’invite chez lui pour prendre une douche ainsi qu’un petit déjeuner. Je fais donc la rencontre de ses parents, ce qui est étrange car on n’arrête pas de sourire, mais on peut pas communiquer. Sa mère n’arrête pas de mettre de la bouffe sur la table en disant “please please” et quand j’ai tenté de refuser une quatrième toast, elle m’a dit no no, me l’a mise dans mon assiette en me servant une autre portion de fromage bulgare! (c’est un genre de fromage qui ressemble un peu à la texture à du feta, mais en plus mou et moins salé, ils mettent ça dans tous leurs repas!). Comment dire non à ça?

Son père est chirurgien et est encore partisan du mouvement communiste. Étrangement, il gagnait plus d’argent à cette époque. Maintenant, il n’y a que corruption, tout le monde essaie d’escroquer tout le monde, à commencer par le gouvernement. Et c’est une opinion partagée par plusieurs bulgares. De toute façon ils disent, on conitnue encore à n'acheter qu'une sorte de pain, de beurre, de sucre. Les choses ont évolué, mais peut-être pas tant que ça dans la vie au quotidien.

Après une journée à flâner en ville avec Yosef et Paula (je l'ai rejoint à l'auberge), j'ai donné rendez-vous à Bono, un bulgare cocasse que j'avais rencontré au festival. Il m'avait offert de passer la soirée avec moi et de m'amener à l'aéroport. Il a trimballé son ami au nom imprononçable.

En allant au bar, Bono me fait un tour guidé du quartier du parlement. C'est des immenses buildings gris massifs. Près d'une entrée sous-terraine, il y a une vieille église qui est à demie-enfouie dans le sol. Quand le parti communiste a pris le pouvoir, ils ont déplacé la petite église car ils voulaient que la religion s'abaisse au système de la société. Le régime de l'homme se placerait au-dessus de Dieu. Allez hop Dieu, dans le sous-sol. Symbolique intéressante.







Bono, une amie, sa soeur de 16 ans et son ami au nom imprononçable quelques minutes avant que je prennes un taxi pour l'aéroport



Mercredi 21 septembre

Paula fout le camp aujourd’hui. Elle retourne à Sofia, elle en a marre d’être ici. Les organisateurs du festival sont effectivement un peu nul et il n’arrête pas de pleuvoir. Disons que c’est une journée tendue. (elle a un caractère assez directe!! je l’aime bien mais c’est parfois difficile à gérer en situation de groupe) On manquera même d’électricité pendant la soirée. Charmant.

Le reste de la semaine se déroule mieux par contre. Je vais avec Suzanna la Slovake ou la Slovaine (je me souviens pas, c'est bête) visiter Varna et le lendemain, on va avec les 4 mecs belges visiter des ruines quelconques. Non en fait, les ruines ne sont pas quelconques, mais je ne me souviens pas de l’historique de la place voila tout. Je crois qu'un lézard du jardin est venu me bouffer la mémoire pendant la nuit. Je me souviens par contre que le chauffeur de taxi était bien sympathique. Il m’avait totalement escroqué en début de semaine, mais il s’est bien comporté avec nous cette journée là.. J’aime pas trop quand je suis assis en avant avec le chauffeur, (chais pas, on dirait que j’entre trop dans sa bulle) alors je pose tjs tout plein de question (sûrement pour combler le malaise), alors on a eu droit à un véritable safari d’infos, ce qui était pas mal bien!














Quentin, un des 4 belges (certaines les nommeront The Fab Fours!!)

Et Edgar la limace bulgare!!

And the rain goes on



M pour mardi 20 septembre

Journée morne, avec un M majuscule. Il pleut et les films sont moches. Oui, moches avec un M majuscule aussi. Paula, Ben et moi, on quitte les projections pour faire un tour de la ville et on déniche une table de pool. La salle est peu éclairée et semble être le repère des accros au jeu Doom. Mais peut importe l’ambiance, comme on ne peut pas rater une journée lorsqu’on joue au pool, on se tape quelques parties d’affilée pour se remonter le moral. Je réussis d’ailleurs des coups de la mort (je dois avouer que je me pratique parfois pendant mes pauses à l’école, il y a une table de pool dans la salle des profs!!!). Woah, I’m getting pretty good.

Histoire d'une salle d'eau

Dimanche 18 septembre

On est arrivés à Balchik vers 8h00. On est 2 étrangers pour l’instant, le reste de la bande étant bulgares. L’autre, c’est Ben le Belge mais il m’énerve alors je sympathise avec les bulgares.

Il semble que nous allons habiter dans un ancien palais royal. Les bulgares devront habiter dans un hotel dans le village. On nous explique pleins de trucs, le discours dure longtemps, mais le problème c’est qu’ils ne parlent qu’en bulgare... Personne vient nous traduire.

Après une heure et demie d’attente pour nos laissez-passer sans trop savoir ce qui se passe (problème d’organisation assez intense), on nous mène finalement à nos chambres. Je me retrouve à partager ma chambre avec ... une membre du jury!! Ça m’étonne car c’est pas super éthique comme situation. Mais pour l’instant, je m’en fous, il est maintenant 9h45 am et je veux juste dormir quelques heures. J’ai encore mon escapade en montagne de la veille dans les mollets et ma fatigue dans le corps.

Il y a un gala d’ouverture ce soir à la ville. On rencontre tous les autres réalisateurs, certains sont arrivés cet après-midi par avion ou par train. En tout, on est environ une quinzaine de non-bulgares. La soirée d’ouverture se passe uniquement en bulgare, alors on est mort de rire dans les rangées du vieux cinéma. Qu’est-ce qu’on fous ici?! Les rangées sont d’ailleurs tellement petites que Matthieu le belge n’a même pas de place pour ses longues longues jambes. T’as pas lu à l’entrée le panneau, ça disait pas d’échafaud.

On m’échangera finalement la jury pour Paula l’israéelienne mais j'aurai préféré Wayne Gretsky

Après l’excitant gala, on se rejoint pour souper et tout le monde parle un peu de soi. On parle conflit israelo-plalestinien car le retrait de Gaza est encore chaud chaud dans l’actualité. Paula nous dit qu’elle a dû faire son service militaire en Israel pendant...3 ans! Je sais qu’il s’agit d’une réalité là-bas, tous les jeunes passent par là mais c’est un drôle de feeling que de rencontrer quelqu’un qui a dû le faire, pour vrai. Surtout quand la personne étudie en cinéma, c’est pas absurde tout ça!? C’est long 3 ans, c’est la durée d’un autre bac...

En fait, elle est une américaine qui a grandi au Mexique. Elle a fait partie du mouvement des zappartistes pendant quelques temps et puis a foutu le camp en Israel. ouf! Ma vie me semble tellement ...je sais pas... Le plus près que j’ai été de l’armée, c’est quand je me suis inscrite dans les cadets de l’air à l’adolescence (sûrement inconsciemment pour faire plaisir à mon père qui était brigadier général...). J’ai toughé ça 2 mois, au grand désespoir de l’escadron qui voyait partir la fille du général...hihihi Je les imagine encore essayer de me convaincre de rester, que ça va être l’fun... Total raté!

Mais bref, Paula décide de quitter le repas pour aller prendre une douche. Quelques minutes plus tard, elle entre en trombe dans le resto, les cheveux mouillés en parlant très vite et en gesticulant encore plus vite. Je réussi à comprendre entre 2 spasmes qu’il y a un problème avec la douche. On court ensemble les milliers d’escaliers de pierre,on arrive finalement à la chambre et ... et...putain!! La chambre est inondée, y a environ 2 centimètres d’eau partout. Le robinet de la douche a cedé prise et ça gicle de partout.

Ok, maintenant, imaginez-vous Fais-moi un mime. Et c’est pas évident de faire un mime bulgare...! Personne ne parle anglais à la réception et j’essaie de leur faire comprendre qu’ils doivent venir tout de suite, que c’est urgent. Alors je gesticule, et gesticule et ... ils comprennent que oui, il y a un problème avec la douche, ok c’est bon, ils comprennent mais ils me disent “tomorrow, tomorrow”, Et moi d’essayer de leur faire comprendre, non non, tout de suite, faut couper l’eau tout de suite dans notre villa. On me répond bêtement “tomorrow”. (il faut mentionner qu’il est environ 11h et je crois qu’ils s’apprêtaient à se taper une soirée vodka-poker) J’aperçois alors par la fenêtre une bulgare avec qui j’avais discuté. Je lui demande de venir traduire et hop, tout d’un coup, le concierge se lève en panique! Ben je pense qu’il a compris là...

Ça été l’inondation totale!! Comment ça s’écrit incompétence? Après une heure, ils ont finalement réussi à couper l’eau (ils avaient peur de couper l'eau car notre villa semblait être relié à la chute d'eau du jardin, tu parles d'une logique de plombier), mais ça nous a tout de même fait un joyeux bordel. On a dû changer de chambre et ça été l’aventure de la soirée!

Tuesday, November 08, 2005

Gare aux fous!


17 septembre


Alors je quitte Sofia ce soir, je prends le train avec les membres du festival pour me rendre a Balchik, la ville du festival.

On m’avait prévenu que la gare de train était une expérience à éviter si possible. Parait qu’on ne s’y retrouve pas. Parait que les gens ne nous aident pas. Parait qu’on aurait congelé Walt Disney aussi... wah, pas croyable

C’est vrai que c’est pas facile. Je suis allée aux écrans pour voir sur quelle voie était le train. Je regarde, je regarde, et je revérifie.... Il n’y a pas le numéro de mon train sur l’écran (les noms de villes sont en cyrillique, alors je ne peux que me fier avec le numéro de train). J’attends, y probablement une deuxième page à la liste de train... Eh ben non...merde. Et là j’angoisse...merde, c’était peut-être 10h40....du matin??!! Ça se pourrait, ouais... je suis tellement pas organisée et dans la lune.... Eh ben oui, ça doit être ça, ça devait être ce matin...

Je me dirige vers l’info (peut-être il y a du retard tout simplement??). Évidemment, elle ne parle pas anglais mais on réussit à se comprendre et m’indique cinq avec sa main, cinq? oui oui 5. Merci, et je me dirige vers la flèche 5. Je regarde, je regarde.... 1...2...3...4....pas de 5, non pas de 5..... pas possible. Je revérifie.....4....3....2.....1....non, pas de cinq, c’est de 1 à 4 seulement. Je retourne au kiosque, et là y a un monsieur qui me demande si je veux de l’info (il a l’air douteux, mais il parle anglais et c’est une vertu à ne pas négliger en ce moment!!). Il m’explique que les numéros de voie sont en bas, je prends n’importe quel numéro pour l’escalier, ça mène tout au même endroit. Ah bon merci monsieur. Et je descends donc les dits-escaliers, avec des sourcils froncés et un peu douteux....

En bas, on dirait que c’est une section fermée. Y a pas de lumière, il fait vraiment sombre, tout est gris et y a pratiquement personne. J’avance donc et là y a comme trop d’info. Y a Voie 5 et Quai 5... mais ça ne mène pas au même escalier. Je prends donc l’escalier Voie 5. Hum... J’ai l’impression d’être dans une usine abandonnée, avec des wagons tout rouillés... Ça doit pas être ici, hein? Je redescends donc, et je prends l’escalier Quai 5 .

Woaw, bingo, y a des gens et puis 2 trains sur la même voie.... Vous alliez pas me la laisser facile, hein?! Alors, ça recommence, je tends mon petit morceau de papier, avec le numéro de mon train et je dis, “Varna, Varna??”. Et ô suprise, personne ne semble savoir de quoi je parle. Je promène d’un train à l’autre d’un pas pressé (mine de rien, le train pour Varna part dans 5 minutes...) et je tombe sur un mec anglo qui cherche lui aussi un train pour le festival qui va vers Varna. Et ni une ni deux, je me suis fait un nouvel ami!!! C’est si simple en moment de crise!!

Et puis évidemment, on trouve le dit train, chouette chouette oh mais y a pas de couchette, merde merde. Et c’est ainsi que débute une longue promenade en train, environ 9 heures. (on devrait arriver vers 7h du matin) J’ai pas réussi à dormir. C’est pas très confo un banc de train, et y a aussi les cabines d’à côté qui sont en pleine fête, alors ça chante, ça crie, c’est tellement drôle... J’ai expérimenté les toilettes aussi... vraiment sans commentaires.

Un train de nuit, c’est pas génial pour le tourisme visuel, mais j’ai quand mëme gardé des images de la Bulgarie nocturnes... un vieux monsieur qui poussait un carosse d’épicerie sur une voie de train, les arbres dans la brume, cette femme qui faisait son jogging matinal à 6h du mat, mais faisait-elle réellement du jogging près des usines abandonnées?? Bref, ce voyage en Bulgarie s’annonce différent de ce que j’avais en tête. Et c’est bien parfait comme ça!



Monday, November 07, 2005

Sofia l'alcoolique

15 septembre, soir

Je suis à la table avec tout pleins d’étrangers de l'auberge, mais on se sent comme des amis de longue date. La proximité ramenée à sa plus rapide expression... How to make friends crash-course. Y a Mary la britanique. La première chose qu’elle me dit, c’est sa première expérience de mush qu’elle a fait... sur le plateau Mont-Royal il y a de cela quelques années!!! Elle sortait à l’époque avec un canadien... mais j’ai pas trop compris cette partie de sa vie. (Et puis il y a cette Parisienne que je rencontre et qui me dit que mon français est pas si mal pour quelqu’un qui vient du Canada.... haha, je t’emmerde....mais on fera plus tard la paix autour d’un repas végétarien)

Et puis y a aussi Monty l’Australien. Je l’ai recroisé dans la rue ce soir, alors que je m’apprêtait à sortir pour souper. Il est avec un autre ami. Ils allaient bummer à Sofia pour un jour ou deux, et ensuite ils allaient se rendre à Prague, un ami leur prêtait un appart pour une semaine ou deux.

Y avait un autre britannique qui était plutôt cool. Il était en train de faire le tour du monde en 2 ans environ. C’était hallucinant de l’entendre parler de ses voyages. On a eu de bonnes discussions, surtout musicales. Je suis allée à la montagne avec lui et un Israélien le lendemain. Je ne comprends toujours pas comment on peut vivre normalement lorsqu’on habite Jerusalem...

Alors que nous étions au bar, on s’est rendu compte que nous payions 0,5 lev de plus que les locaux!!! Notre ami bulgare, s’insurgeant de tant d’injustice, nous a payé la tournée!! (mais nous allions bien vite nous rendre compte que nous allions être constamment “surtaxés” tout au long de notre voyage)

Ça faisait étrange d’être assis à ce bar, alors que la veille, j’en ai eu tellement peur quand je me suis retrouvée seule dans la rue, que des ivrognes criaient et les chiens aboyaient. La vie n’est pas si mal parfois, pas vrai?!

LOST IN BULGARIA.... THE BEGGINING



Je reviens tout juste de Bulgarie, j'ai passé 10 jours là-bas. Il y avait un festival de film et je suis allée présenté Bee Dee Bop. Chouette expérience (l'Europe de l'Est est fascinante), mais quand meme drole de situations.

J'ai pas craqué quand le festival a oublié de venir me chercher à l'aéroport et que je me suis retrouvée seule à Sofia, à 4h du mat, entourée de panneaux illisibles en cyrillique... J'ai pas craqué non plus quand des chauffeurs de taxi me tournaient autour dans le lobby de l'aéroport en disant "taxi taxi" avec leurs yeux rouges (ça sonnait plus à mes oreilles comme "zombi zombi"...mais ça devait être la fatigue du voyage, non?!). J'ai pas craqué quand je me suis astinée avec le chauffeur qui me demandait 3 fois plus d'argent que prévu. Quand il s'est mis à grogner, je lui ai finalement refilé l'argent en grogant un peu moi même... J'ai pas craqué quand personne n'est venu m'ouvrir la porte de l'auberge bien qu'on m'avait assuré que c'était ouvert 24h sur 24h et que j'ai dû me blottir au fond du jardin pour me cacher des hommes soûls et des chiens errants aboyant à la la pleine lune... J'ai pas craqué non plus quand j'ai expérimenté la gare de train de Sofia (un mixte entre Labyrinth et la Maison des Fous dans Asterix et Obelix), les toilettes de trains qui sentent l'urine (j'ai l'odeur tatoué dans mon nez) et les toilettes turcs dans les bars et les restos... Non, j'ai craqué bêtement quand j'ai essayé de téléphoner mes parents et que rien ne fonctionnait! Classique.

Disons que mon arrivée a été riche en émotions! Mais j'ai rencontré des gens fascinants et voyager seule me semble tellement facile maintenant! Je me suis retrouvée le premier soir à discuter musique avec un British (on en est venu à la conclusion que The Smiths et New Order ont été les deux groupes british les plus marquants des annés 80), à parler foot avec un Australien (pourquoi sont-ils toujours grands, blonds et tout simplement magnifiques??!!) et à découvrir de nouvelles sortes de bières avec un Israelien et un autre British (y a une bière de Prague qui n'est pas mal du tout, Staropramen!). J'en ai même profité pour escalader une montagne le lendemain avec le british musical et un Israelien mathématicien, ouille, j'ai les mollets en feu.

Le festival était à 500 km de Sofia, sur le bord de la mer noire. Mais il n'a pas fait très beau par contre... bouh hou... mais on habitait dans un Palais royal qui est une réserve faunique, avec des plantes partout, des cascades d'eau...et une floppée de touristes dans l'après-midi... C'était tout simplement magnifique (ça faisait longtemps que je n'avais pas vu des bermudas crème et des bas blancs dans des sandales brunes!!).

Le festival était moyen en somme, mais les autres réalisateurs étaient chouettes. Mais c'est quand on se retrouve dans un cinéma qui sent l'urine, dans le fin fond de la Bulgarie, en train d'écouter un film de ganster coréen que la vie nous semble soudainement plutôt surprenante!!

Je me suis fait des amis bulgares et j'ai même dormi dans un bloc à appartements communistes. J'ai un ami qui m'a sorti samedi soir car mon vol était à 5am, donc fallait que je sois à l'aéroport vers 3h45... donc on est sorti en attendant l'avion. Il m'a amené dans un bar "underground". Sofia est contrôlé par la mafia, tous les bars sont sous l'emprise de la mafia, donc les "artistes" se font des bars "underground" (au sens le plus pure du terme) pour pouvoir se rencontrer dans des lieux qui leur ressemblent. Donc, me voilà dans un bar qui ne porte même pas de nom, qui est en fait un appart retapé en bar, avec de la vieille tapisserie sur le mur, des oeuvres d'art un peu partout et des sofas hyper confo. C'était génial. Je me suis fait ami avec le DJ, qui semblait sortir tout droit de Berlin dans les années 80!! (cheveux noirs lisses, pantalons blancs avec des bottes d'armée noire jusqu'aux genoux!). Il ne parlait pas anglais, je ne parlais pas bulgare, mais on a réussi à communiquer en nommant des groupes de musique!! Jamais ma culture musicale industrielle ne m'a semblé si utile! La musique était vraiment bonne, la Bulgarie a connu une période trés dark vers la mi-décennie 80, un mixte entre Joy Division et Einsturzende Neubauten. Décapant.

Voici donc quelques "parcelles" de mon voyage.






15 septembre

Vendredi fut une journée intense pour moi. Je me suis endormie vers 8h du matin, encore un peu troublée de mon arrivée nocturne. Vers 10h00, la ville parlait trop fort ; j’en pouvais plus. J’ai marché pendant des heures, à la recherche de l’âme de la ville. Je ne l’ai pas trouvé.
Mais ce que j’ai trouvé était pire...c’était un mal de l’âme arrosé d’un début de mal de pays. Bon, j’était complètement claqué de mon voyage de nuit mais je ne m’y retrouvais franchement pas dans tout ce paysage cyrillique. C’était plus dur que ce que je croyais. C’est comme si tu marches sans tes lunettes (quand tu es myope), t’es pas sûr, tu marches un peu à tâtons, mais après un certain temps, tu t’enveloppes dans ce flou et tu te sens un peu comme chez toi... Mais ça n’arrive pas la première journée quand même, ça prend un temps d’adaptation. (essayez de marcher avec un bandeau sur les yeux, d’un pas assuré et déterminé juste pour voir...ah pas facile, hein) Personne ici ne comprend l’anglais. À un certain point, les papillons rouges dans mon estomac ne tenaient pas en place, ils n’en pouvaient plus, ils voulaient sortir et puis....et puis soudain, une douce musique est parvenue à mes oreillles... Celine Dion, chantant en français. Je n’aurai jamais cru dire cela un jour, mais j’étais franchement contente d’entendre sa voix!! J’ai même chantonné quelques paroles pendant le refrain avec un sourire (mais ça, vous ne le dites pas trop fort, hein?!!) (après quelques jours de voyage, je vais me rendre compte que Dion et Brian Adams sont les tops singers de la radio bulgare et retrouverais par le fait même ma même haine envers celine !)

J’ai traversé de jolis jardins, visité des églises, traversé des rames de tramway en plein milieu des rues. Un gardien de sécurité m’a presque foutu la chienne. Il m’a mis en garde contre les femmes gypsies qui sont de terribles voleuses. Oui, mais des pickpockets, y en a partout, non? Oui, mais celles-ci sont terribles, et lorsqu’on réussit à les pincer, elles crient, elles vous griffent et vous crèvent les yeux. A ben dis donc.... Sympa les nanas... Il faut mentionner que la Bulgarie vit un grave problème avec les gypsy. Mais c’est vraiment particulier de les voir se déplacer en plein coeur de Sofia avec une charrue et un cheval. Ça semble irréel.


Y avait un monument en plein coeur d’un parc dans Sofia. Il était tout vieux et tout gris, vous savez ce genre de gris morne, un gris moyen, un gris communiste. Visiblement, ils allaient essayer de la rénover, de lui rendre la mine heureuse. Des panneaux de bois entouraient le chantier et à cette endroit j’ai vu la chose la plus jolie de Sofia. Au milieu de cette rigidité et cette austérité flottait un chaos anarchique. Des artistes graffitis avaient pris d’assaut les baricades et affichaient haut et fort les couleurs de la nouvelle génération démocratique. Et c’est exactement ça, Sofia: c’est la dichotomie entre le passé coco et le présent arrogant. C’est une ville qui se cherche, qui ne sait pas trop qui elle est, qui n’est pas encore libre bien que maintenent libérale. Les murs sont en démolition, le papier-maché ne tient plus et tout s’effrite. Mais sur le toit de la ville, aux quatres coins, on a installé de grands panneaux publicitaires en espérant s’attirer le regard de la civilisation capitaliste. Coca-Cola, LG, MacDonald, JVC, Heinekin. Et la supercherie fonctionne pendant quelques temps, on croit au rêve et on oublie pendant un bref instant que le salaire moyen en Bulgarie est de 200 euros....par mois.

A wee bit of tea, love?

4 Septembre 2005
Bonjour
tous je suis bel et bien arrivee en scotland et c est charmant comme tout L accent est pas croyable, on n y comprend rien, mais je fais beaucoup de progres. Pour vous situez un peu, je me sens en plein coeur du film Sweet Sixteen, de Ken Loach, mais sans sous-titres ...
J ai eu mal a la conversion de l argent pendant quelques jours. Mon appart:700$... un t-shirt; 55$, une pinte 8.50$... etc. Je fais des maths : je multiplie par 2 et je fais plus 10 pourcent pour l equivalence canadienne. Ca fait mal. Alors je me suis trouve une unite de reference: le cafe Starbuck. Un cafe vaut 1 pound et 40. Donc un DVD a 5 pounds, ca vaut la peine(a peu pres 3 cafes) , mais pas un morceau de gateau a 4 pound 25....et ainsi de suite!
J ai deja pas mal d aventure de voyage cocasse, comme celle dans l aeroport de Toronto ou j ai parle avec 2 mecs qui sont venus se joindre a ma table, dans un resto. Apres une demie-heure de blabla en anglais, je me suis rendu compte que nous etions tous en fait des francophones!! hehe Et 15 min plus tard, je mangeais une carotte bio qu il faisait pousser dans sa serre sur sa maison-bateau a Yellowknife et j apprenais qu il avait ete coloc avec une fille avec qui je suis alle au secondaire a St-Hyacinth et qu elle avait maintenant un enfant...!! how shocking
Plein de choses a dire, peu de temps. ´C est complique internet ici. Y a de grand changement techno dans ma vie. A commence par le mobile!!! Et oui, je suis rendue avec un cellulaire, apres avoir passe des heures dans le magasin a essaye de tout comprendre( le vendeur comprenait pas mon "retard technologie" (mes amis non plus d ailleurs) you dont have mobiles in Montreal? Yes but... va essayer de leur expliquer que ca depend de ton style de vie et puis... Grrgh....! Mais maintenant ca va, j ai meme rajouter le verbe "texter" dans mon vocabulaire :"ya, I ll text you!!" J ai meme un game cube dans mon appart! c est cool. Je suis sur le bord de l eau, j ai plein vue sur la marina et le lighthouse hum, je sais pu comment on dit en francais..., mais bref c est plein de nature partout et j adore. J ai meme du sable entre les orteils en ce moment and it smells fish and chip
Quand j ai des rages urbaines, je saute hop! dans le train, et je suis rendue vlan! a Glasgow. C est chouette. J ai fait une tournee musee hier avec ma coloc Emeline la Francaise . La majorite des musees sont gratuits, c est bon pour le porte-feuille Y avait des mecs en kilt partout, non non c est pas moi qui fantasmait, c etait jour de fete car l Ecosse jouait contre l Italie pour se qualifier au World Cup de foot. A voir la tronche des gens dans la rue , je crois pas qu on a reussi.... Mais c etait sympa, on est alle dans un pub dans l apres-midi pour s impregner de la pre-fete et c etait festif... sur un ton assurement alcoolique! le kilt se porte encore. Mon ami Terry l Ecossais avait un mariage vendredi et tous les hommes devaient porter le meme motif a carreau. Magique. (mais il allait porter des sous-vetements parce que c etait un kilt emprunte et bon, on sait jamais...!!)
J ai passe ma vie entiere a me faire massacrer mon nom de famille (O-A-K-L-E-Y (oui y a un A et pas de C) mais ici y en a pas de probleme, le nom est ecossais, ils le connaissent. Non, maintenant, ils ont change de cible, c est mon prenom qu il massacre. Quand c est pas AlexandrE, c est AlexandrIa, Alessandra ou Amanda... (soupir) Alors j ai convenu avec une ecole que mon nom etait Alex. tout court. c est tout. point final.
ouais ben point final pour moi aussi je blablate, pis c est long lire tout ca, hein?! c est pas grave, je vous embrasse pareil pis donnez moi des nouvelles, ca fait toujours sourire dans la brume! Alex xx

Thursday, November 03, 2005

La ville sans sherrif



J’habite un condo chouette avec vue sur la marina. Le matin, quand il ne fait pas trop frisquet, j‘enfile un chandail, j‘ennoue une écharpe autour de mon cou et je bois mon café sur le balcon. Je relaxe. Quand il fait un peu froid, des petits nuages sortent de ma bouche, mais ça ne dure jamais trop longtemps. Avec ma tasse de café à la main et la brume dans mes lunettes, je regarde les différents voiliers dans la marina. J’en choisi un, ni trop gros ni trop petit, et je m’imagine partir au large, à la chasse au monstre du Loch Ness. Je serai la première à le capturer, mais il est pas facile à attraper il paraît...


La ville en soi n’a pas vraiment d’âme, Les rues sont généralement vides et les quartiers, majoritairement résidentiels. Mais je dois mentionner que nous avons quand même 3 stations de train, ce qui est plutôt impressionnant. (Wow...) On fait le tour rapidement du centre-ville de la ville d’Ardrossan. Mon guide voyage décrivait cette ville comme étant “a dismal town”. Dismal. C’est bien le terme qu’ils ont utilisé. Ça veut dire morne et lamentable. Et je dois avouer qu’ils n’ont pas tout à fait tort. Mais je dois d’abord mettre les choses en contexte.

Les boutiques de la rue principale, qui s’appelle ironiquement Glasgow Street, arborrent des vitrines sales et placardées pour la plupart. Il y a la station de train centrale et la bilbiothèque. En face, un immeuble magnifique dans toute sa déchéance. Abandonné, ravagé par l’air salin, il fait figure d’une véritable âme en peine. La devanture annonce encore des spectacles de musiciens défaichis et l’on peut lire, entre la peinture écaillée, les lettres Central Hotel. Un peu plus loin entre la taverne des soûlons-sans-dentiers et le magasin général condamné, il y a l’ancienne station de police. Les fenêtres sont barricadées, avec du placage vert. C’est joli, ça fait un beau rappel de couleurs avec le gazon british. Mais une station de police qui est fermé, c’est toujours un peu inquiétant (ils en ont fait quoi des policiers??). Dans cette ville sans scheriff, il n’y a que les take-out qui sont rois.

Il y a Babba’s l’indien et un chinois douteux, le Happy Kitchen. Derrière son comptoir plaqué en faux bois, le chinois aux palettes de cheval se cache derrière un petit téléviseur brun. Je déconseille fortement le poulet aigre-doux. Premièrement, ce n’est pas aigre, c’est complètement vinaigré. Et je vois pas du tout ce quil y a de doux là-dedans. Peut-être à part le sourire de monsieur Happy Horse. Il est si ...hum...souriant. Tout le temps.

Au coin de la rue, il y a le salon de thé qui n'est étrangement jamais ouvert quand je veux y aller et il aborde fièrement depuis la mi-août une vitrine de produits de Noël. Il y a aussi le salon de bronzage dont la vitrine “Australia Gold” ne réflecte en rien l’état physique de la propriétaire. Grosse, moche, elle semble d’avantage à une cliente en manque de sexe qui croit que ce soleil artificiel fera fondre ses masses de graisse difformes.

Quand on marche encore un peu, on arrive sur la rive. L’église catholique tourne le dos à l’Église protestante sur le chemin principal. Ensuite, c’est la route, c’est le trottoir, c’est la plage, c’est la mer. Ici, l’océan fou fracasse les pensées. Le noir que l’on broie parfois s’envole habituellement au vent avec force et élan. Rien ne peut résister au vent. Pas même mon cerf-volant.

Il ne nous reste ensuite qu’un rayon de mélancolie quand le soleil tente une brève percée, en fin de jounée ( il a beau pleuvoir toute la journée, il y aura toujours une pause kit-kat soleil vers 5h45). La lumière est particulière ici, teintée de jaune-orangé. Elle compense probablement pour le sombre sommeil des nuages gris. Brille donc, je suis fatiguée.

Là-haut, sur la colline, derrière le club de pétancles (dois-je mentionner ici que toutes les villes ont leur propres clubs?!), il y a des ruines d’un château. C’est joli de là-haut, on voit les chaumières de la ville, et même plus loin encore. Les mouettes montent la garde patiemment sur les toitures pour observer le prochain train et les Éoliennes sur la colline continuent de déverser les bourasques de vent quotidiennes. Alors c’est ça ma ville. C’est un peu de tout, un peu de rien. Mais tellement plus que ça aussi. Parce que franchement, je vois pas du tout ce qu’il y a de lamentable. Je marche même sur la plage pour aller faire mon épicerie! Des fois, quand il pleut, j’enfonce mes mains dans les poches et j’avance tranquillement dans la tempête. Mon lecteur mp3 me dicte la cadence et j’arrive toujours à m’émerveiller devant le nouveau paysage. Pis j'arrive encore à avoir les pieds mouillés!